Quel cheminement personnel vous a conduit(e) à exercer la
voyance ?
La voyance a toujours été présente dans ma vie. Étant enfant, j’ai eu des
ressentis très forts, des prémonitions (liées essentiellement à des événements négatifs, comme c’est souvent le cas quand on ne canalise pas encore très bien ses ressentis), mais à ce
moment-là, cela m’a fait un peu peur. J’en ai donc très peu parlé, voire pas du tout, et j’ai volontairement laissé de côté cet aspect de ma personnalité. La seule relation que je me suis
autorisée à avoir alors avec le monde de “l’ésotérisme” a été, au sortir de l’adolescence, la pratique de la radiesthésie, que ma mère m’a enseignée à sa façon, simple et autodidacte,
une transmission de ce que son propre père lui avait appris dans le passé. Mais là, on était très loin de la voyance, puisque je n’utilisais mon pendule que pour des applications pratiques, et
d’ailleurs cela m’est resté, je suis incapable de “sortir” quoi que ce soit de divinatoire avec un pendule ! Vers l’âge de 20 ans, ma sœur m’a offert un Tarot de Marseille, et je me suis
rendu compte qu’avec ces cartes, je pouvais “lire” l’avenir, avoir des ressentis qui s’avéraient justes la plupart du temps. J’ai lu un seul livre pour apprendre, un livre de Marianne Leconte,
dont j’ai retenu un fait, essentiel : il faut fréquenter ses cartes sans chercher à leur appliquer des définitions toutes faites, et c’est ainsi que naît la possibilité de
“voir“…
Cela n’a pas fait de moi une voyante professionnelle pour autant ! Pendant des années, j’ai “tiré les cartes” pour mes amis et mes proches, avec pas mal de réussite (ce que je prédisais arrivait) mais je ne me voyais pas du tout en faire un métier, puisque j’avais une toute autre vocation, le théâtre. En plus, le support des Tarots, même s’il est très riche, n’était pas “mon” support à 100 %, et je sentais bien que je ne pourrais pas arriver à ce niveau de précision et de ressenti qui fait qu’on est dans la voyance et pas seulement dans une simple “lecture” des cartes. Et puis en 2003, par hasard, je suis tombée sur le site d’une célèbre voyante qui parlait de la géomancie et donnait une brève définition des 16 figures. J’ai voulu en savoir plus et j’ai commandé deux livres sur la pratique de la géomancie qui ont été pour moi fondateurs. Je les ai dévorés en un week-end et j’ai monté mon premier thème géomantique ! Après, tout est venu, les ressentis bruts, les images… A la même époque, j’ai commencé à fréquenter des forums où j’ai répondu à de nombreuses questions avec ce support, et l’envie de devenir professionnelle a germé peu à peu. J’ai sauté le pas fin 2005, et j’ai participé à mon premier salon de voyance en 2006.
Parlez-nous de votre consultation. Quels sont vos objectifs ? Comment se
déroule-t-elle ?
Avant toute chose, comme je veux être entièrement disponible et donner le meilleur
à mes consultants, je ne donne jamais plus de deux rendez-vous dans une journée, que ce soit pour les consultations en face à face ou par téléphone. Lors de la prise de rendez-vous, je demande
à mes consultants leur prénom, nom et date de naissance et je prépare la consultation, ce qui consiste en une brève étude numérologique et surtout la construction d’un thème géomantique complet
qui donne un aperçu assez précis des tendances des mois à venir, mais avec lequel je suis également en mesure de voir le passé et ce qui est vécu dans le présent, ainsi que les grandes
problématiques qui se posent dans la vie du consultant. Lorsque ce dernier arrive, je lui commente son thème et son étude numérologique, et dans cette discussion à bâtons rompus, des questions
et demandes de précision arrivent assez rapidement, auxquelles je réponds avec l’aide du thème et des tirages complémentaires de figures géomantiques et de cartes (tarot et l’oracle que je
viens de créer) ; à cela s’ajoutent en général des images qui me viennent à l’esprit spontanément et dont je fais part au consultant. Lorsque nous avons fait le tour de toutes les
questions posées, on termine la consultation avec le tirage d’une rune-conseil. La consultation dure en moyenne une heure et demie à deux heures. Par téléphone, la préparation et le déroulement
de la consultation sont les mêmes, mais la durée de consultation avoisine une heure.
Mon objectif essentiel est de cerner les problématiques importantes qui dominent la vie du consultant, lui indiquer quels sont les chemins qui s’ouvrent à lui dans l’avenir, répondre aux questions qu’il se pose sur lui-même et le futur, et le guider, afin qu’à la lumière de ma voyance, il puisse faire le point sur sa vie et décider en toute connaissance de cause de l’orientation qu’il veut lui donner. Il n’est en aucun cas pour moi question de diriger la vie des personnes qui me consultent, mais de les aider à la gérer au mieux de leurs intérêts et de leur bien-être. L’évocation du passé et du présent est pour moi très importante dans ce processus, car d’une part cela permet au consultant et à moi-même de savoir si je l’ai bien “perçu”, mais surtout cela éclaire le futur et les solutions que l’on peut donner aux problèmes qui se posent de manière très révélatrice. Une voyance vraiment complète doit en effet pouvoir permettre de comprendre tous les aspects d’une situation.
Quels sont vos honoraires et comment les avez-vous
déterminés ?
Mes consultations en face à face coûtent 70 euros à Rennes et 80 euros à Paris (la
différence provient simplement du fait qu’à Rennes je peux recevoir chez moi, mais pas à Paris où je n’habite plus). Je propose également des consultations par téléphone et messagerie
instantanée au tarif de 60 euros (durée illimitée, une heure en moyenne) et par mail (40 euros pour un domaine, 20 euros une question). Pour déterminer ces honoraires, je me suis, d’une part,
alignée sur les tarifs moyens des bons voyants et astrologues de ma région. D’autre part, je voulais que la consultation reste accessible à un maximum de personnes (si quelqu’un a peu de
moyens, il a d’ailleurs la possibilité de me régler en deux fois), et j’estime que je n’ai pas encore suffisamment de notoriété et d’années d’expérience pour demander des sommes plus
importantes. Mais il n’est pas question de brader non plus le montant de la consultation, parce que tout simplement, même si c’est triste à dire, on n’est pas considéré alors comme un voyant
sérieux et professionnel. De plus, préparer et donner une consultation est un gros travail (entre la préparation d’une consultation et la consultation même, c’est trois heures de travail en
moyenne), qui doit être considéré à sa juste valeur.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite (vous)
consulter ?
Il faut venir consulter avec l’esprit ouvert, et être prêt à tout entendre, car on
n’a pas toujours de bonnes nouvelles à annoncer ! Même si je m’efforce de toujours dégager le positif d’une situation parfois difficile pour mieux la surmonter. “Tester” par jeu
n’est pas recommandé non plus, car la consultation sera toujours mauvaise, quel intérêt alors de dépenser de l’argent et du temps pour rien ? Si on vient consulter avec l’envie de tirer
ensuite le meilleur des potentialités que le voyant annonce pour l’avenir, alors la consultation est valable et utile. Il ne faut pas oublier non plus que les voyants qui ne se trompent jamais,
ça n’existe pas, si on arrive à 80 % de justesse de prédictions, c’est déjà énorme. La consultation est un moment d’échange avant tout !
Quelle est la principale préoccupation de vos
consultants ?
Essentiellement le domaine affectif (sentimental, familial) et le professionnel, à
égale proportion. Et d’autant plus que très souvent, il y a énormément d’interaction entre ces deux domaines. Quelqu’un qui se sent bien dans sa vie personnelle se sentira plus armé pour
réaliser des changements positifs dans sa vie professionnelle, et vice-versa, être débarrassé d’une problématique professionnelle difficile nous permet d’avoir l’esprit plus ouvert et confiant,
ce qui favorise les rencontres amoureuses ou le rééquilibrage de la vie familiale.
Je n’ai pas rencontré de réelles différences entre hommes et femmes en ce qui concerne ces préoccupations, même si on pourrait penser que le domaine sentimental et familial est plutôt l’apanage des femmes, et le professionnel celui des hommes. C’est peut-être un peu vrai, mais la différence de pourcentage est faible. En même temps, cela ne fait que trois ans que je pratique ce métier, et lorsque j’en parle avec des ami(e)s voyant(e)s qui ont plus d’expérience que moi, il semblerait que ce soit plutôt récent que les hommes et les femmes expriment des interrogations plus proches. Parmi mes consultants, il y a autant d’hommes que de femmes.
Selon vous, la fonction de voyant est-elle en train de changer ? L’attente
des consultants évolue-t-elle ?
J’ai le sentiment que le voyant est de plus en plus perçu comme une sorte de
coach, celui qui aide son consultant à déterminer les origines d’un problème, comment il est vécu et quelles solutions lui apporter, mais très différemment d’un psy, car il ouvre une porte sur
l’avenir. Le tout en laissant au final le consultant faire ses choix, en toute connaissance de cause ! En ce sens, on est très loin du voyant omnipotent qui assène des prédictions gravées
dans le marbre et sur lesquelles on n’aurait aucun pouvoir de décision. Les consultants sont demandeurs de vérité et de plus en plus conscients qu’ils peuvent agir sur leur destinée, et que si
le voyant peut leur donner des clés pour y parvenir, il n’a pas le pouvoir de déterminer comment le consultant doit diriger sa vie. Pour ces consultants, la voyance de complaisance n’a pas de
place et je trouve que c’est une très bonne chose.
Avez-vous des projets particuliers liés à votre
activité ?
J’ai créé récemment une association, Maison XII, dont le but est de faire
découvrir les arts divinatoires et leur pratique à un vaste public, par le biais de stages, ateliers, conférences, publications et événements divers. J’y propose des stages et ateliers
consacrés à la géomancie, d’autres professionnels proposent des formations sur l’astrologie, le développement de l’intuition, l’interprétation des rêves, entre autres. J’aimerais également que
cette association soit un lieu d’échange, plus ou moins informel, entre praticiens partageant une même éthique, et aussi avec des amateurs passionnés.
J’ai aussi en projet l’écriture d’un livre consacré à ma pratique de la géomancie, essentiellement basé sur les cours que je donne et mon expérience. Il ne s’agira pas d’un traité traditionnel ni exhaustif (d’autres auteurs l’ont fait auparavant, et certainement beaucoup mieux que je ne saurais le faire), mais d’un témoignage sur ma pratique personnelle et des explications concrètes sur la géomancie, en espérant que cela donnera envie à beaucoup de la découvrir et la pratiquer. Je suis aussi en cours de création d’un jeu de cartes ayant pour base les figures géomantiques, que j’utilise déjà en consultation et que je voudrais essayer de faire éditer.
Suite à ma participation à un DVD de la collection L’Univers des Arts Divinatoires, un projet d’émission télévisée avec l’équipe de production avait été évoqué, mais ça ne s’est pas fait finalement. J’ai aussi été contactée par deux fois pour participer à des émissions sur la voyance sur TF1. Mais actuellement, je trouve que la voyance dans les médias est soit traitée sur le mode de la dérision, soit du sensationnel, et je ne m’y retrouve pas. N’ayant pas eu envie de m’y brûler les ailes, j’ai finalement décliné la proposition.
Pensez-vous que l’avenir soit écrit ?
En toute honnêteté, je ne crois pas au Destin avec un grand D, immuable et sur
lequel on n’aurait aucune prise. L’avenir est écrit dans ses grandes lignes, mais il nous est toujours possible d’influencer notre destin, de prendre des chemins de traverse, même si c’est pour
revenir ensuite sur la route principale. D’ailleurs, ce que le voyant indique à son consultant, ce sont des potentialités de son avenir, mais pas des sentences sans appel, et il suffit de très
très peu pour que tout change, par la seule décision de celui qui interroge. Je donne toujours pour exemple l’histoire du candidat au bac à qui on annonce un échec cuisant. S’il se soumet à la
prédiction passivement, elle se réalisera, sans le moindre doute. Mais il a aussi le choix de se dire que c’est juste une indication que son niveau est insuffisant et qu’il doit travailler
mieux et plus pour réussir malgré tout, et il y parviendra peut-être. La prédiction s’avèrera alors fausse, mais le consultant aura avancé dans sa vie et c’est bien l’essentiel. C’est le même
processus du reste pour les “bonnes” prédictions, pour qu’elles se réalisent, il faut y travailler aussi.
Avez-vous un don ?
Je n’aime pas beaucoup le mot “don“, je préfère celui d’aptitude ou de
talent, comme celui qu’on pourrait avoir pour la peinture et la musique. D’ailleurs, dans “arts divinatoires“, n’y a-t-il pas le mot “art“ ? Je suis aussi persuadée que
la capacité de clairvoyance est en chacun de nous, et que nous pouvons tous la développer, chacun à notre niveau et à notre manière.
Dans mon cas personnel, ma clairvoyance (ou mon “don” si on doit employer ce terme) passe par un support. Essentiellement la géomancie en ce qui me concerne, même si j’utilise d’autres supports comme les tarots ou les runes. C’est de l’écoute de ce que les figures ont à me dire (car pour moi, elles parlent, et elles sont très bavardes !) que vient la voyance. Je ne suis alors qu’une messagère.
Que pensez-vous de la magie ? Selon vous, existe-t-elle et dans quel cadre
peut-elle être utilisée ?
La première magie est celle de l’intention, une intention forte peut modifier les
énergies autour d’elle et donc les événements. Point n’est besoin de rituel compliqué pour accomplir cela, mais la magie dans ce cas précis est effectivement bien réelle.
On a tendance à confondre voyance et pratique de la magie. Certaines personnes peu scrupuleuses profitent de cette confusion pour abuser de personnes vulnérables. La magie ou quelque conseil de rituel que ce soit sont donc à proscrire de la consultation de voyance. Et ne pas être utilisée en tous les cas. Je suis d’ailleurs toujours très claire sur ce sujet avec les personnes qui veulent me consulter.
Que pensez-vous du monde de la voyance ?
On y trouve le pire et le meilleur. J’y ai rencontré des personnes extraordinaires
mais aussi de véritables charlatans sans le moindre sens moral. Les salons de voyance traditionnels sont d’ailleurs très révélateurs de ces énormes décalages. C’est un grand marché où on trouve
de tout ! Aux consultants d’être attentifs et de ne pas se laisser abuser par les stands tape à l’œil et le bagout commercial de certains…
Avez-vous des amis dans le monde de la
voyance ?
Plusieurs personnes que j’ai rencontrées à mes débuts sont devenues des ami(e)s.
J’ai aussi noué des liens d’amitié avec d’autres rencontrées plus récemment. Toutes ont en commun une très haute idée de ce que doit être leur métier, et du service qu’elles apportent à leurs
consultants. Et toutes sont passionnées par ce qu’elles font !
Que pensez-vous des réseaux Audiotel ?
J’ai travaillé pendant environ un an pour un très gros cabinet de voyance
proposant des prestations audiotel. Ce que j’ai retiré de cette expérience, c’est qu’on y trouve beaucoup plus de voyants honnêtes et de qualité qu’on ne pourrait le croire, mais ceux-ci ne
restent jamais longtemps, car le système est stressant et pour le moins pervers. Le paiement de l’heure dite “générée” est tellement faible que l’on est incité à faire traîner les
consultations, à garder les consultants (d’ailleurs désignés comme “clients“, ce qui n’a pas tout à fait le même sens) plus qu’il n’est nécessaire pour allonger les files d’attente, et
à favoriser l’addiction à la voyance dont certains malheureusement souffrent au point d’appeler des dizaines de voyants différents jusqu’à ce que l’un d’eux leur donne la réponse qu’ils veulent
entendre, pour une facture qui peut parfois atteindre au final plusieurs centaines voire même milliers d’euros à la fin du mois. Une très mauvaise énergie se dégage de tout cela, qui est
néfaste tant pour le travail du voyant que pour la personne qui lui pose des questions. D’autre part, les services audiotel donnent une image très négative de la voyance, à juste titre
d’ailleurs, car il y a un aspect consommation et fast food dans ce type de consultations où ni le consultant ni le voyant ne sont respectés au final, et la vraie consultation de
voyance, ce n’est pas ça. M’éloigner de ce monde m’a été extrêmement bénéfique car c’était épuisant moralement et physiquement, et je sais que plus jamais je n’y
reviendrai.
Quelles améliorations aimeriez-vous voir apporter à la fonction de
voyant ?
Il faudrait avant tout que ce métier soit mieux connu, et les consultants
réellement avertis de ce qu’est un voyant et ce qu’il peut leur apporter ou non en leur proposant ses services. Réglementer cette profession ou imposer des normes acceptables par tous me paraît
difficile, car comment les définir, et surtout qui est en droit de le faire ? Les voyants eux-mêmes ? Un organisme indépendant ? L’État ? Je ferais un parallèle avec les
métiers artistiques comme ceux d’acteur et de chanteur, un parfait inconnu qui n’a jamais fait d’école peut devenir une énorme star du jour au lendemain, de très bons professionnels resteront à
jamais méconnus, beaucoup vivront une vie professionnelle quelque part entre ces deux extrêmes, quel que soit leur talent. C’est toujours le spectateur qui choisit et fait la différence. C’est
pareil pour les voyants, d’une certaine manière, le consultant “fait” le voyant. Je ne crois pas trop aux sites qui “classifient” les voyants, même si c’est flatteur quand on
est bien noté. Par ailleurs, des chartes professionnelles existent, et c’est une bonne chose, mais elles n’ont pas valeur universelle, donc elles peuvent apporter une petite amélioration, mais
ce n’est pas suffisant. Il y aurait encore des choses à développer de ce côté-là.
Quel avenir prévoyez-vous pour les Chroniques de la
Voyance ?
Il y a une base très solide et un véritable enthousiasme à la base de ce site. Une
communication très juste qui s’instaure avec ses visiteurs et les personnes qui y contribuent. Quelque chose a encore besoin de grandir, qui est encore en gestation. Il y a un long cheminement
encore à faire, et il faudra affirmer des choix pour clarifier ce qui fonctionne le mieux ou moins bien, pour s’ouvrir à un plus vaste public. Dans le futur, j’ai de vrais soutiens qui se
dégagent, pourquoi pas une association avec un autre site ? Le site changera sans doute beaucoup encore, mais pour rechercher le meilleur, car il y aura toujours beaucoup d’exigence de
qualité et le besoin d’un réel équilibre. Je suis plutôt optimiste pour l’avenir des Chroniques !