La géomancie (que l’on peut traduire par « la divination de la terre », du grec « gé » qui signifie « terre » et de « manteia », qui veut dire « divination » ou « mancie ») est un art divinatoire très ancien, dont on retrouve les traces dans l’antiquité. Elle est parvenue en Europe sous la forme que nous connaissons par l’intermédiaire des Arabes, et est devenue populaire à la Renaissance, lorsque les traités arabes traitant de ce sujet ont été traduits. Puis au 18ème et 19ème siècle, elle est tombée en désuétude par rapport à d’autres arts divinatoires, notamment au profit de la cartomancie. On trouve également d’autres formes de géomancie un peu partout dans le monde, la plus connue est le Yi king chinois, mais on peut également citer le Kumalak au Kazakhstan, les Cauries en Afrique, les Buzios brésiliens, ou le Sikidy à Madagascar…
Vers les années 1930, des auteurs se sont de nouveau penchés sur cet art, on peut citer notamment le cheikh Hadji Khamballah (auteur de « La géomancie traditionnelle », datant de 1935, et réédité chez Guy Trédaniel). Plus récemment, Frédérique-Marielle Turpaud (« B.A. BA de la géomancie », éditions Pardès) et Alain Le Kern (« La Géomancie, initiation et pratique » aux éditions Jeanne Laffitte), pour ne citer qu’eux, sont revenus à cet art divinatoire ancestral. Tous deux ont donné des conférences et animé des stages à ce sujet depuis les années 80 et 90. Cependant, la géomancie, malgré un apprentissage relativement aisé et sa simplicité d’un point de vue matériel (un papier et un crayon suffisent pour la pratiquer), demeure peu connue du grand public.
La géomancie et ses calculs ont pour base seize figures. On obtient une figure par un « jet de points » sur 4 lignes, soit des petits traits verticaux que l’on trace sans les compter, en se concentrant sur la question. Puis on compte les traits de chaque ligne, on obtient un résultat pair ou impair, ce qui forme la figure, comme dans l’exemple ci-dessous :
1) ///////////////////// (21)
2) ///////// (9)
3) ////////// (10)
4) ////////////////////////// (26)
La figure obtenue ici est Fortuna Minor.
On peut interpréter une seule figure (comme c’est le cas la plupart du temps dans la tradition africaine actuelle), ce qui est assez rapide et donne des réponses d’une grande précision pour qui sait « lire » et surtout ressentir ce que « disent » les figures. Ou construire un véritable thème géomantique, qui permet de répondre de manière très complète et nuancée à une question, mais représente un assez long travail pour être construit et interprété, surtout s’il s’agit d’un thème « général » ou « influentiel ».
Un thème géomantique est composé de quinze maisons, douze maisons comparables aux maisons astrologiques, et trois propres à la géomancie, que l’on nomme Témoin droit ou Témoin du Passé (il représente aussi l’être intime), Témoin Gauche ou Témoin du Futur (qui représente également l’être social), et le Juge, qui donne la réponse générale du thème. Selon la question, on affinera et précisera une réponse en étudiant les figures sorties dans la ou les maisons correspondant à la question. Pour obtenir un thème complet, on fait un jet de points sur seize lignes, qui permettent d’obtenir 4 figures (dites « mères »), à partir desquelles on calcule toutes les autres figures, dites « filles » et « nièces », ainsi que les deux Témoins et le Juge. On ajoute à ces 15 maisons une figure qui se construit en dehors du thème, la Sentence, résultat de l’addition du Juge et de la Maison 1 (maison qui représente la personnalité du consultant). Certains géomanciens ne l’utilisent pas, mais d’autres la considèrent comme importante, comme donnant plus la réponse à la question que le Juge lui-même, car « elle donne l’ambiance, la température des influences qui baignent une vie ou une situation. Mais pour un thème à question précise et déterminée, c’est le lieu de la réponse définitive à cette question ; le Témoin du Futur devenant alors une évolution tenant compte d’un état : Le Juge, pour avoir une réponse : La Sentence » (Alain le Kern).
La structure de la Géomancie est très logique et en rend l’apprentissage relativement facile. Et la richesse de son interprétation permet une grande précision dans la réponse aux interrogations.