J'apprécie beaucoup ce texte sur la signification philosophique des Runes, publié en 2006 par un membre du forum de la Forêt de l'Arc en Ciel (qui n'existe plus à présent), et je souhaitais vous le faire partager ici. Il en dit beaucoup plus sur l'interprétation des Runes, à mon sens, que bien des ouvrages nous donnant des définitions toutes faites. Je regrette simplement de ne pas en connaître la source, si quelqu'un connaît l'auteur de ce texte, ou de quel ouvrage il est tiré, merci de m'écrire un petit mot pour que je puisse publier l'information sur ce blog.
Le texte (j'ai indiqué le nom germanique des runes derrière leur nom saxon, pour les personnes qui les connaîtraient sous l'une ou l'autre de ces deux appellations, les plus courantes) :
L’alphabet runique est utilisé en divination et en magie. Mais ces petits caractères anguleux gravés dans le bois ou la pierre sont aussi porteurs d’une sagesse extraordinaire, d’un message philosophique profond qui exprime parfaitement les différents états de conscience de l’homme, et ses relations spirituelles avec ses semblables et les dieux. Les vingt cinq runes nous racontent l’histoire de l’homme, nous allons vous la conter.
Tout commence par la rune Feoh/Fehu qui représente Frey le dieu de la fertilité. C’est le feu actif, l’étincelle de vie qui embrase l’univers pour lui donner la vie et ouvrir le cycle. Feoh/Fehu nous invite à reconnaître la source d’énergie fondamentale qui est en nous et dialoguer avec elle pour mieux nous connaître et mieux utiliser notre potentiel.
Toutefois Feoh/Fehu serait inutile sans Ur/Uruz qui est son réceptacle. Cette seconde rune est l’image du buffle sauvage, puissant et instinctif, mais aussi du ventre de la mère que vient ensemencer l’étincelle de vie de Feoh/Fehu. Ur/Uruz est donc la vie et l’énergie en puissance, en attente de l’impulsion qui va l’animer et dispenser la vie dans le monde. Cette rune nous indique que les meilleures capacités dorment au cœur de notre être et que notre devoir est de les découvrir et de les exploiter.
De l’union de Feoh/Fehu et de Ur/Uruz naît une vie primaire et instinctive représentée par Thorn/Thurisaz. C’est Mjöllnir, le marteau du dieu Thor, le bon colosse, c’est aussi l’épine de la vie qui réveille et stimule par l’expérience, amenant peu à peu à la conscience. A chaque fois que nous nous blessons aux épines de la vie, et que nous luttons, nous nous éveillons, nous faisons croître notre expérience.
C’est à ce moment qu’Odin, représenté par Os/Ansuz, intervient. Il est le père vénérable des dieux, le maître de la sagesse suprême, celui qui se sacrifia deux fois pour atteindre le savoir absolu. Il a créé les premiers humains, Ask, l’homme, et Embla, la femme, et leur a insufflé l’esprit. La rune Os/Ansuz représente donc la conscience qui fait de l’être instinctif un homme et l’élève vers le monde spirituel.
Cette conscience nouvellement acquise provoque un élan vers l’avant, une progression vers la sagesse, les vérités révélées sont codifiées en règles, en lois. C’est Rad/Raidho qui représente ce mouvement. Elle nous apprend que les expériences acquises n’auront de valeur que si elle sont transformées en règles de vie et appliquées quotidiennement.
La discipline de Rad/Raidho entraîne un développement de la créativité en Ken/Kenaz. Cette sixième rune représente le feu maîtrisé, la torche. C’est la flamme du forgeron, le feu qui transforme et qui créé par l’intermédiaire de l’artisan, c’est aussi l’inspiration du poète ou de l’artiste. Ken/Kenaz nous conseille de développer nos facultés par des réalisations concrètes, de maîtriser notre énergie.
Gyfu/Gebo quant à elle symbolise le partage, sa forme en croix évoque l’interaction de deux forces. L’homme offre ce qu’il a créé et donne ainsi un sens à ses créations. Le don permet d’expérimenter l’harmonie au sein du groupe. Cette harmonie dans la famille, le clan, est découverte en Wynn/Wunjo. Elle induit la joie. L’individu est reconnu et intégré dans le clan.
Mais une crise va intervenir dans l’Aett de Hagel/Hagalaz. L’homme ayant expérimenté le partage et la vie sociale, revient sur lui-même et découvre son moi intérieur, c’est une crise car il n’est pas toujours capable de le comprendre. Cette rune nous pousse à nous connaître nous même et baser notre vie sur notre être, mais cela peut nous pousser à aller à contre courant du mouvement de la société et provoquer des évènements inattendus que certains vont attribuer au Wyrd (destin) et que d’autres vont attribuer à la non adéquation entre le monde extérieur et le monde intérieur.
Cette crise intérieure va nous conduire à assumer cette structure et la vivre en sacrifiant certaines habitudes. Nyd/Naudhiz est la rune des besoins spirituels et matériels. L’homme doit apprendre à trouver le juste milieu entre ces deux types de nécessités pour vivre en harmonie avec le monde et lui-même. Ce juste milieu est découvert en Is/Isa, la rune de la glace, de la concentration et du retour sur soi-même. C’est le moment où il faut retrouver son unité et valoriser ce qu’il a d’unique en nous.
Ayant reconstitué son ego, l’homme réintègre le cycle naturel de la vie. Ce cycle est représenté par Ger/Jera, la douzième rune. Elle représente les saisons, les moissons, la récompense après les efforts. Ces cycles peuvent être sécurisants quand l’homme a besoin de stabilité, mais ils peuvent devenir une véritable prison lorsqu’il a soif de liberté. Nous devons apprendre à connaître et maîtriser ces cycles pour nous épanouir.
La treizième rune est Eoh/Eihwaz, c’est la rune de la mort, elle a la forme d’un double crochet qui unit le monde des cieux à la terre. C’est aussi l’Ygdrasill, l’if où Odin fut pendu pour découvrir le secret des runes. Elle représente la mort initiatique, qui est le changement, la rupture qui permet l’évolution. Elle rompt le rythme de Gera pour permettre le passage à un autre niveau d’expérience. Cette rune nous enseigne que pour découvrir de nouveaux horizons il faut accepter de changer, de partir.
Ensuite avec Peorth/Perthro l’homme s’arrête et s’interroge sur son destin et peut découvrir qu’il en est la source par la loi de cause à effet. Cette rune symbolise par extension le savoir caché, la découverte du destin par la divination.
Eolh/Elhaz quant à elle montre que le véritable destin de l’homme est la voie spirituelle, le monde de l’âme et que le chemin le plus ardu est celui qui doit être suivi, et que rien ne doit le détourner de sa quête. C’est également la rune de la protection, celui qui a découvert le chemin de la vérité est protégé par les dieux. La forme de cette rune est à approcher du geste ancestral de protection qui consiste à tendre l’index et l’auriculaire, tandis que l’annulaire et le majeur sont repliés.
La seizième rune est Sigel/Sowilo. C’est la rune du soleil, source de vie et lumière spirituelle C’est la lumière que le chercheur veut trouver. Quand l’homme a atteint ce but il peut fusionner avec le monde divin, trouver l’harmonie en liant le ciel et la terre, le matériel et le spirituel. C’est une étape importante que le voyageur a atteint.
Sigel/Sowilo nous conseille de considérer toutes choses par rapport aux buts que nous nous fixons, afin de pouvoir nous détacher plus facilement de certaines nécessités qui pourraient entraver notre élévation.
Une fois que la lumière est atteinte, l’homme détient un savoir et en est responsable car il a retrouvé son origine divine et doit agir avec sagesse. C’est ce que représente Tyr avec sa forme de pointe s’élevant vers les cieux. C’est aussi le dieu Tyr/Tiwaz, le dieu de la guerre, courageux et vertueux qui sacrifia sa main pour emprisonner le loup Fenris. La ténacité et l’honneur sont les vertus indispensables pour assumer cette connaissance.
Le conseil de sagesse que nous donne cette rune est que nous devons traduire ce que nous savons en responsabilité tangible et que la volonté doit exercer son pouvoir sans despotisme.
Une fois cette étape franchie, l’initié doit redescendre sur terre en Beorc/Berkano, le rune de la naissance, pour renaître à la vie terrestre avec ses nouveaux acquis. C’est aussi le processus de vie et de mort que le sage intègre et accepte. Il faut accepter les transformations, les multiples naissances qui jalonnent notre existence, et exercer notre pouvoir créateur, car c’est un attribut de notre nature divine.
Lorsque l’initié a rejoint la vie terrestre il oscille entre le ciel et la terre. Eh/Ehwaz est la rune de cette dualité, c’est le cheval fougueux qui rue et qu’il faut dompter, l’opposition entre le ciel et la terre qu’il faut harmoniser en nous. Cette dualité pousse aussi l’homme à se mouvoir, à découvrir, à explorer, nous devons reconnaître notre propre dualité et utiliser son pouvoir de stimulation.
En Man/Mannaz l’harmonie est enfin découverte, les pôles ont fini par s’harmoniser pour donner naissance à l’homme sur le plan cosmique, l’humanité toute entière.
Lagu/Laguz quant à elle nous apprend que la quête de la perfection n’est jamais achevée, que l’homme idéal en tant que pont entre le plan terrestre et céleste n’est qu’une étape, elle évoque la poursuite de l’évolution après Man. Lagu/Laguz est aussi l’eau, la vague à laquelle il faut parfois s’abandonner, cette eau est en fait le flux vital qui contient le potentiel d’évolution, mais on ne sait jamais où il peut nous emporter.
Ing/Ingwaz, symbolise ensuite l’œuf, la gestation du flux vital et créateur de Lagu/Laguz concentré et prêt à éclore. C’est aussi la rune de la cohérence, de l’organisation. L’accomplissement total est presque achevé.
Daeg/Dagaz est cette ultime éclosion, la dernière naissance de l’initié. C’est l’aube, moment d’harmonie entre le jour et la nuit, les deux axes évoquent l’équilibre des opposés. C’est un réveil après un long sommeil de préparation évoqué en Ing/Ingwaz. On se prépare à bénéficier des bienfaits acquis.
Enfin le terme du parcours runique apparaît en Odal/Othalaz. Elle symbolise l’héritage et les acquis. Nous sommes propriétaires de tout ce que nous avons découvert pendant le voyage. Le carré fermé signifie que le savoir est bien conservé et l’angle ouvert indique que l’initié reste tout de même ouvert au monde et partage son savoir, apportant ainsi sa pierre à l’édifice spirituel du genre humain. Elle est également associée au passé et aux ancêtres, Odal/Othalaz nous rappelle qu’il faut tenir compte de toutes ses expériences pour progresser, et que ce que nous subissons aujourd’hui est la conséquence de nos actes passés, tout comme nos actes présents influenceront notre avenir.
Une vingt-cinquième rune intervient, c’est le Wyrd, le destin, il agit à l’improviste et peut bouleverser notre vie. C’est l’intervention des dieux ou la conséquence de nos actes. A nous de l’apprivoiser et de nous en accommoder, voire de nous en faire un allié.
Pour en savoir un peu plus sur les Runes, quelques sites de qualité que j'apprécie et vous recommande particulièrement (liste non exhaustive, cependant) :
Le Site de la Forêt de l'Arc en Ciel, pour les Runes c'est ICI
Le Grimoire des Runes de Morigane, le lien ICI
Un blog découvert récemment, Manu et les Runes : http://manulesrunes.over-blog.com/
Photo de l'article : photo personnelle d'un jeu de Runes que j'ai réalisé sur des apatites bleues